(Il existe plusieurs types de traumatismes. Cet article vise à éclairer ce qu’il en est d’un traumatisme “simple” en ce sens qu’il n’est survenu qu’une seule fois et qu’il s’agit d’un événement isolé. Le terme “simple” ne dénie rien de son intensité et se rapporte plutôt à une fréquence)
Qu’est ce qu’un trauma ?
« Un choc inattendu, écrasant, qui agit pour ainsi dire comme un anesthésique » L’évènement est vécu comme imprévisible, inacceptable, la personne n’a pas de contrôle et pas de possibilité d’arrêt. Elle n’ a pas non plus de recours au sein même de la situation pour faire face à la menace et à la blessure que celle-ci représente pour son intégrité psychique et physique.
Le trauma est brutal, violent et inexpliqué.
Louis Crocq estime qu’il « n’est pas seulement effraction, invasion et dissociation de la conscience il est aussi déni de tout ce qui était valeur et sens et surtout perception du néant, mystérieux et redouté, ce néant dont nous avons l’entière certitude qu’il existe, inéluctablement, mais dont nous ne savons rien et que nous avons toute notre vie nié passionnément »
Sans demi-mesure
L’évènement traumatique expose l’individu à la mort et au néant, à sa propre vulnérabilité, il le confronte à la fin de son monde idéal, non violent, bienveillant. Il détruit l’insouciance, qui lui permettait d’envisager le futur dans un état de relative sérénité.
Il y a traumatisme, lorsqu’un individu fait face à un excès de tension faisant déborder ses capacités d’élaboration et de liaison psychiques personnelles. En survenant dans l’effroi, le trauma cause une effraction généralisée à l’intérieur de l’être et fait place à la sidération. L’état de sidération va procéder à l’ « Arrêt de toute espèce d’activité psychique, joint à l’instauration d’un état de passivité dépourvue de toute résistance ». Aussi, le trauma va fixer l’individu dans un monde dénué de mot, un monde où le réel de la mort a été introduit. L’effroi, à l’image d’un coup de tonnerre dans le ciel (plus ou moins) bleu de la psyché, a engendré le chaos intérieur.
L’arrêt du sentiment continu d’exister causé par la sidération, va désintriquer le lien corps-psyché (et souvent donner lieu à des somatisations et des crises d’angoisse d’intensité variable). D’autant que pour se défendre des effets désorganisateurs ainsi que de la confusion mentale produite par la commotion, le psychisme va (tant bien que mal) mettre en œuvre des mécanismes de défense, différents, plus ou moins complexes, et sur des durées différentes … (déni, clivage, amnésie, dissociation…). Tous ces mécanismes sont coûteux en énergie et peuvent impacter la santé globale du sujet.
Enfin, le trauma peut donner lieu à un état de stress post traumatique mais ce n’est pas toujours le cas. La “suite” dépendra d’une multitude de facteurs (l’état physique de la personne, ses fondations psychiques, le type et l’auteur du trauma, l’existence ou l’absence de soutien post-trauma…).
Sources : FERENDZI, Sandor, « Le traumatisme », ROUSSILLON René, « Jalons et repères de la théorie psychanalytique du traumatisme psychique » CROCQ, Louis, « 16 leçons sur le trauma ».